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J’ai toujours vécu la cuisine comme une expérience sociale: on cuisine pour les autres, pour les siens et pour soi, et on s’enrichit mutuellement des moments de vie ainsi créés. Et ce qui est vrai chez soi l’est encore davantage lorsque l’on traverse le monde, avec dans ses bagages son héritage culinaire. Et de ce point de vue, avec ce sang Lao, ce sang vietnamien, cette éducation en France, j’étais plutôt bien pourvu pour cette expérience. J’aime manger, découvrir et partager d’autres goûts, et l’objet de ce blog est de poursuivre ce partage.  

vendredi 18 mars 2011

Chasse sous marine en famille à Ko Yao Noi


Papa chasse, pendant ce temps, Tom pêche à la ligne
Près de 2 semaines que je suis rentré à Paris avec toute la petite famille, et si je veux poster un billet de debrief sur les vacances, je me dis que c'est aujourd'hui ou jamais, vu la vitesse à laquelle le quotidien parisien oblitère le souvenir de ce séjour enchanteur.

Près de 15 jours en Thaïlande donc, en mer Andaman, près de quinze jours sans appeler le bureau, un record. Une semaine à Ko Phi Phi, dans l'expression bruyante, continue et très hormonale de ces jeunes farangs (étrangers en Thaï), frappés de soleil, en quête de mer, de musique, de beuveries, de conquêtes, mais qui auraient presque oublié qu'ils sont quand même en Thaïlande, sur une île musulmane qui plus est.
J'y ai retrouvé Sak, un copain de 20 ans, qui m'a sollicité pour mettre en pratique mes études de télécoms et installer sur les hauteurs de Ko Phi Phi, un amplificateur pour le relais radio d'alerte radio anti-tsunami. L'idée c'est que les insulaires ne font pas confiance au gouvernement pour lancer les alertes, et que les commerçants de l'île ont donc financé leur propres réseaux : un pour la police touristique, et un pour la police régulière. Cela m'a beaucoup amusé de jouer les Mac Gyver au dessus de Koh Phi Phi, à invoquer les souvenirs épars des polycopiés que j'avais survolés à l'époque de mes études. Mais enfin, cela a marché, et aujourd'hui, ils émettent à 300 watts et le cas échéant, l'alerte sera lancée plus vite. Quant aux problèmes résolus en haut, cela relevait plus de l'électricité en situation extrême (transport de 8 batteries de 80kgs, humidité, puissance, et ... les singes).

Beaucoup, beaucoup de monde à Ko Phi Phi
Cela dit, voir ce qu'il est advenu de Ko Phi Phi me désole. C'est comme une ambassade (en plus fun) comme si les farangs avaient recréé un morceau d'occident en Thaïlande. Rien que des farangs, sur la plage, dans les bars en tant que clients (jusque là rien que de très normal), mais également de l'autre côté du comptoir, comme restaurateurs, serveurs, instructeurs de plongée, Gentils Organisateurs et animateurs de soirée. Bref, Spring Break tous les soirs, avec la drogue en moins (les jeunes qui déambulent, à part l'alcool m'ont l'air quand même relativement sains). Plus grave, en trois ans, les gros poissons de roche on carrément disparus des eaux claires de Ko Phi Phi. Il y a trois ans, juste après le Tsunami, on trouvait des Red Snappers, des Mérous, des Sweet Lips en pagaille, et aujourd'hui, ne subsistent que les pélagiques (poissons de haute mer) et semi-pélagiques (carangues, barras, Spanish mackerels, etc.). D'après Sak, la raison en est que devant l'affluence de touristes, les Thaïs des Dive Shops empruntent les bouteilles d'oxygène pour aller chasser au harpon et ainsi arrondir leur fins de mois. Du coup, seuls les poissons itinérants sont encore présents.

Les enfants ayant à peine fini leur instruction PADI, nous avons vite laissé derrière nous la rumeur bruyante de ces jeunes en goguette, et embarqué toute la petite famille sur le Long Tail de Khun At (un natif de Ko Yao Noi avec qui j'avais chassé toute la semaine), pour, deux heures plus tard, accoster directement à Ko Yao Noi, (attention, je le déconseille en basse saison car la mer y change très vite).

Un endroit magique : http://www.koyaobay.com - merci Phi Jo
Ah, les paisibles et luxueuses villas de Phi Jo (80m2 each) pour un séjour sportif en famille. Retrouvailles avec Georges, avec Sam et Clara aussi. Retrouvailles avec Ban Yad (le capitaine qui renifle le poisson comme un sorcier et m'en fait profiter depuis près de 10 ans), parties de chasse avec Azip (dès qu'il avait un trou dans son planning ), rencontre avec le sympathique Olivier le nouveau GM, et surtout, enfin, des eaux poissonneuses, même si très peu claires. (Nous avions quatre jours d'avance sur la lune).

15 jours de mer, levé tous les matins à 6 heures pour 7 heures (au minimum) de chasse sous marine quotidienne, ça vous refait un homme, et sans jeu de mots, je tiens une pêche d'enfer!!

Joli sweet Lips
Un des meilleurs poissons des environs : la carpe rouge

Mes flêches ont transpercé Barracudas (pla Sak), carpes rouges (Pla Kapong Deng, Carangues (Pla siak), Sweet lips (Pla Wat) qui ont immédiatement été partagés avec les clients du Resort. J'ai aussi croisé la Giant Trevally de ma vie, un monstre de plus de 10 kilos qui n'a pas fini de hanter mes nuits d'insomnie:

Ban Yad m'avait dit que ces Pla Mong (nom vernaculaire pour les Giant Trevally) adorent rentrer et sortir des cavernes sous marines. Alors, au lieu de me poster en agachon devant les grottes, je me suis laissé couler au fond de la crevasse côté île, pour, au bout de quelques temps, doucement me rapprocher de la sortie de la grotte, et attendre patiemment le poisson, caché derrière une opportune gorgone (pour ceux que ça intéresse, le spot c'est Ko Lao Hiem, et ci-dessous, la carte au trésor).
Et là, mes amis!!!! au bout de quelques secondes, alors que je me trouve camouflé par des milliers de petits poissons qui virevoltent autour de moi, je devine plus que je ne vois, ces trois monstres qui tournent et se retournent, happant à chaque virage le menu fretin entre leurs dents acérées. Un Pla Mong particulièrement téméraire vient même faire défiler sous mes yeux grands ouverts, toute la longueur de robe bleutée. Hélas, trois fois hélas, le fusil de 75cm (autant dire un fusil à bouchon sur des bestioles de cet acabit) que m'avait laissé la carangue croisée quelques minutes plus tôt avec Azip, et qui coupant le fil de ses redoutables nageoires caudales, s'en était allé emmenant pêle-mêle, bas de ligne, fil et flêche, bref, ce fusil n'était vraiment pas à la hauteur de l'enjeu. La giant Trevally évita tranquillement ma flêche, et s'en alla après une dernière pirouette. Mais quelle rencontre inoubliable! 
Azip, mon frère de chasse
Ce n'est qu'à la suite de cette magnifique rencontre que j'ai demandé à Ban Yad d'assembler mon bazooka personnel, mon TeakSea en bois d'1.50m, doubles sandow, cordage en nylon, mais peu maniable, et qui était resté sur le bateau faute de flêche adaptée. Mais j'ai quand même pu le dérouiller sur deux magnifiques Sweet Lips Pla Wat ou Pak Men (littéralement, qui poisson qui pue de la gueule).

Une matinée fructueuse avec Azip

Fort heureusement, ma pugnacité (légendaire) qui me tenait dans les eaux sombres malgré la nuit tombée, m'a permis, lors de la dernière chasse, la dernière apnée, de rencontrer une autre carangue, un pla Siak de 4 kgs qui après un rodéo épique, m'a permis de remonter fièrement sur le bateau, et récolter auprès de mes enfants ébahis, la juste gloire paternelle. Ma femme a immortalisé ce moment de gloire inoubliable dans une petite vidéo que je ne résiste pas au plaisir de partager avec vous. Les enfants ont passé leur PADI, le petit dernier (4 ans) a affirmé son pied marin (7 heures de bateau sans broncher) et s'est exercé au maniement du couteau sur les pauvres poissons remontés à la canne à pêche, à la traîne ou au fusil.





Comment accéder au statut de héros aux yeux de ses enfants ?
(mais bon, ça dure pas...)


Naissance d'un chasseur
Quant au cadet, s'il arrive à dépasser sa peur des méduses, serpents et autres bestioles qui font que la mer est la mer, il sera un redoutable chasseur vu ses perfs physiques et son mental de chasseur. L'aîné sera lui, plutôt un apnéiste Zen et pacifiste, qui contemplera le spectacle merveilleux des récifs de corail.









En tous les cas, toute la petite famille a bien profité de ce séjour, et encore merci à Georges, Olivier, Azip, Ban Yad, Bi, guilhem qui nous ont rendu ce séjour aussi enchanteur. Ah oui, côté papille, j'ai ramené quelque curry de Ko Yao pas piqués des vers, et j'ai découverts quelques plats très succulents. D'ailleurs, la photo ci-dessous, c'est un des filets prélevé sur ma carangue préparée avec de la citronnelle débitée façon cheveux, rendue croustillante par un bain d'huile dans lequel on la plonge avec du basilic thaï.

Le barracuda, tout juste pêché peut être très savoureux également :

Les Thaïs restent pour moi, parmi les meilleurs préparateurs de poisson (aïe, le souvenir de la dorade royale dégustée dans la paillotte de Sète avec Gabriel me rappelle à son souvenir du fond de mon gosier).

Voilà.

Souvenir ensoleillé, aventures magnifiques, comme j'ai hâte de reprendre le fil de ses vacances. Mais pour cela, on va travailler un peu maintenant.

Quelques photos de famille:

Un moment parfait

Papa dauphin à Moo Sang

Les enfants pêchent à la traîne et attrapent un wolf Herring

Place très convoitée sur le bateau
Une gueule d'ange

10 commentaires:

  1. Merveilleux voyage merci de nous le faire partager.

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  2. Je reviens juste sur un mot qui m'a interpellée "farang" : dans la corne de l'Afrique, on appelle les étrangers "farenj" et tu dis que l'île est musulmane, tu crois qu'il y a un lien?
    Sinon je ne désespère pas de récupérer suffisamment d'os à moëlle pour tenter le Pho video...

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  3. Je pense que cela vient de la présence française dans la péninsule. Farang en Lao ce sont les français. En Thaï, Farang veut dire étranger, et pour indiquer plus précisément qu'il s'agit d'un français, on dit Farangceet.
    Maintenant, la France ayant également une présence historique en Afrique, cela ne m'étonnerait pas que ce soit lié au mot "français", tout simplement.

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  4. magnifique tout simplement

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  5. Bonjour,
    En vacances en Thailande, je decouvre votre blog tres agreable a lire
    De retour en France et sur mon ordinateur, je pourrai mettre a profit vos recettes fort sympathiques
    Marianne

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  6. Bonjour Anna,

    C'est l'endroit idéal pour des vacances en familles avec des plus petits. La piscine n'est pas profonde, pas de route avec des chauffards, pas de danger immédiat pour les enfants et tout le personnel qui adore s'amuser avec eux. Tu peux appeler PiJo (Georges le montpellierain) et proprio au +66 76 597 441 de ma part Kha (ça se prononce kra). Il a 6 heures d'avance sur nous. Tiens moi au courant.

    Enjoy

    Kha

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  7. Bonsoir Kha,

    Merci pour ta réponse.

    A vrai dire, je suis un peu mitigée à cause de la météo qui peut être assez aléatoire au mois d'août... Mais l'endroit me tente vraiment et si nous nous décidons finalement à y aller j'appellerai ton ami Pijo (je ne manquerai pas de lui dire que j'appelle de ta part!)

    Je te tiens au courant!

    A bientôt.

    Anna

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  8. Bonjour,
    Pas de soucis, je suis toujours heureux de faire partager ce coin de paradis autour de moi. Tu m'aurais posé la question il y a dix ans, je t'aurai fortement déconseillé ce coin de thaïlande en aout, rapport à la saison des pluies. Maintenant, depuis quelques années, les saisons sont beaucoup moins marquées, et cette années, la saison des pluie a été très décalée. Mon pote est revenu en mars de quinze jours là-bas, il a connu 14 jours sur 15 de pluie. Pour la pratique de la chasse sous-marine c'est catastrophique. Au contraire, d'autres ais chassaient encore il y a un mois. Comme quoi.
    Enfin, la pluie est très gaie en Asie, et n'est pas synonyme de grisaille et de tristesse.
    Voilà. Fais moi signe si tu te décides
    Bien à toi
    Kha

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  9. Bonjour anna,
    Je vois que tu t'es finalement décidée à contacter mon pote. Par contre, il vient de m'envoyer un message pour me dire que les 2 adresses mails que tu lui as fournies ne fonctionnent pas. Pourrais-tu tout simplement les rappeler au téléphone (+6 heures).
    Enjoy
    Kha

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  10. Bonjour Kha,

    Nous sommes de retour de Thaïlande depuis quelques jours. Aussi, je voulais te remercier pour l'adresse à Koh Yao Noï. Nous y avons passé un bon séjour, bien reposant et effectivement le lieu est bien adapté aux enfants en bas âge comme les miens. En plus, la villa était superbe!

    Au plaisir de lire de nouvelles recettes bientôt!

    Anna

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